Histoire de la Suisse

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Tourisme
Dans le domaine touristique, l'identité suisse repose sur une série d'images de paysages montagnards (Cervin, mont Rose) et urbains. Initié dès le XIXe siècle, le tourisme est à l'origine de la formation de plus de 6 % du PIB, et sa filière dépasse 30 % de l'emploi total dans certains cantons (Valais, Grisons). L'hôtellerie suisse, confortée par ses écoles hôtelières (Lausanne, Glion), a acquis une réputation internationale. Le tourisme lacustre des rivières lémaniques et tessinoises a été progressivement complété par les séjours urbains (Genève, Berne, Lucerne) puis par un tourisme montagnard. Les stations de Saint-Moritz, Davos (Grisons), Gstaad et Grindelwald (Berne), Crans-Montana, Zermatt, Saas Fee (Valais) comptent parmi les plus réputées du monde. Lieux de détente, de colloques internationaux, de pratiques sportives, ces centres renouvellent en permanence leur image pour conserver leur attrait.

Transports et communications
Au centre de l'Europe, la Suisse, malgré ses montagnes, a toujours joué un rôle de plaque de communications. Ses réseaux routier et ferré sont très denses. Les transports en commun, chemins de fer fédéraux et locaux, sont réputés pour leur ponctualité et leur très bonne couverture du territoire. En vue de l'intégration européenne, la Suisse, qui cherche des solutions d'avenir pour les transports – en particulier pour le ferroutage des poids lourds –, a proposé en 1990 la percée de nouveaux tunnels ferroviaires sous les massifs de l'Aar-Gothard, du Lötschberg et du Simplon. Les Suisses, soucieux de leurs paysages et de leur cadre de vie, souhaitent limiter le transit routier, source de pollution. Si elle dispose d'un parc de plus de 3,1 millions de voitures et de 287 000 véhicules utilitaires – l'un des plus denses d'Europe –, la Suisse maintient des services de chemins de fer de qualité. L'amélioration des transports urbains – en particulier ceux des réseaux intégrés, comme à Zurich (tramways, bus, trains) – est l'une des priorités des politiques cantonales, communales et fédérales.

Histoire
Le peuplement de la région est attesté dès le paléolithique supérieur. Des outils de pierre ont été découverts dans des grottes, non loin de Neuchâtel. Au néolithique se développa une civilisation de villages lacustres sur pilotis au bord des lacs du plateau. Dès l'âge du bronze et du fer, la Suisse s'affirma comme un lieu de passage et de refuge, ce dont témoignent nombre de sentiers. La pénétration des Celtes, vers le Ve siècle avant J.-C., coïncida avec le début du second âge du fer : à l'extrémité orientale du lac de Neuchâtel le gisement de La Tène (exploré à partir de 1858) a donné son nom à une des plus importantes civilisations protohistoriques. À l'époque de César, des tribus celtes, les Helvètes, qui, venues d'Allemagne du Sud, occupaient l'ouest de la Suisse actuelle, cherchèrent à s'établir dans le sud de la Gaule (en 58 av. J.-C.) mais César les refoula. Les Romains, en effet, avaient bien vu la position stratégique de la Suisse, et ils en firent un poste avancé de leur frontière (limes); l'Helvétie, très vite romanisée, fut rattachée à la Gaule Belgique (dont le lac Léman marque l'extrême sud) puis à la Germanie; un centre comme Avenches (Aventicum) devint une véritable ville de garnison. Un réseau routier fut créé pour franchir les montagnes et desservir le plateau, organisé en «pays».

Les grandes invasions barbares du Ve siècle (Alamans, Burgondes) expliquent le grand découpage linguistique de la Suisse actuelle: Suisse alémanique (germanophone) dans le Nord; Suisse romande (francophone) sur la frange ouest et sud-ouest. Christianisée au VIIe siècle par des missionnaires irlandais (saint Gall, notamment), englobée dans le royaume de Bourgogne puis rattachée en 1032 au Saint Empire romain germanique, l'Helvétie vit apparaître, à partir du XIe siècle, de puissantes principautés (celles des Zähringen, puis des Habsbourgs, notamment), ainsi que des communautés urbaines et paysannes qui luttèrent pour leur autonomie.

Vers la naissance de la Confédération
La formation du pays résulte d'un long processus, fait d'ajustements et de réajustements. L'idée première, en 1291 – date de la fondation du pays par l'alliance entre trois cantons montagnards (Uri, Schwyz et Unterwald) –, était de se regrouper, malgré les différences, pour faire face aux agressions extérieures. Cette territorialité de défense, encore visible de nos jours dans les installations qui coupent les vallées et protègent les points stratégiques, a favorisé le respect et la protection des groupes minoritaires. La Suisse est en quelque sorte un défi: cette nation ne représente pas le résultat d'une communauté d'esprit, mais d'un processus associatif qui pousse des cantons, jaloux de leur indépendance, à se grouper face à l'expansionnisme des Habsbourgs.

Au XIIe siècle, en effet, les Habsbourgs (propriétaires du château de Habichtsburg, en Argovie, dans le nord de la Suisse actuelle) étendirent leur domination sur la Suisse et sur l'Alsace. En 1278, ils acquirent l'Autriche. Face à la puissance de cette maison d'Autriche (qui domina la région jusqu'en 1918), les trois petites communautés (Waldstätten) de Schwyz, d'Uri et d'Unterwald se lièrent, le 1er août 1291, par un pacte de défense mutuelle au cas où l'un des signataires viendrait à être menacé : ce serment, prêté dans une prairie du canton d'Uri (le Grütli) située sur la rive nord-est du lac des Quatre-Cantons, fut à l'origine du noyau de la Confédération. C'est à cette époque que se situe l'épisode légendaire dont Guillaume Tell est le héros. En 1315, l'armée impériale des Habsbourgs voulant châtier les Waldstätten signataires du pacte, s'aventura dans le canton de Schwyz; les rebelles lui infligèrent une écrasante défaite dans le chaînon montagneux de Morgarten; ils renouvelèrent leur pacte la même année, à Brunnen. Les armées confédérées, qui venaient de se forger ainsi une solide réputation, commencèrent à se désigner du nom, valorisé, de Schwyz, et d'autres cantons exprimèrent bientôt le désir d'adhérer à cette alliance : Lucerne en 1332, Zurich en 1351, Glaris et Zoug en 1352, Berne en 1353. Les Confédérés infligèrent une nouvelle défaite à l'Autriche (bataille de Sempach, dans le canton de Lucerne, 1386), qui reconnut l'indépendance des Huit-Cantons (1389). Ceux-ci, forts de leur grande réputation militaire, conquirent sur les Habsbourgs l'Argovie (1415) et la Thurgovie (1460). Entre-temps, ils s'allièrent au Valais, à Neuchâtel, etc., et imposèrent leur domination à d'autres territoires. La France, après avoir apporté son aide à l'empereur Frédéric III en mettant à sa disposition l'armée des «Écorcheurs» commandés par le dauphin Louis (1443), les aida contre le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, qui fut vaincu en 1476 à Grandson et à Morat. Toutefois, de graves dissensions surgirent entre cantons montagnards, régis par un système démocratique, et cantons citadins, gouvernés par une oligarchie. Ces dissensions ayant été surmontées à la diète de Stans, en 1481, la confédération des huit cantons put s'élargir à treize avec l'entrée de Fribourg et de Soleure en 1481, puis, après que l'Autriche, défaite une nouvelle fois à Dornach, eut reconnu officiellement l'indépendance de la Confédération (traité de Bâle, 1499), par celle de Bâle et de Schaffhouse en 1501 et de l'Appenzell en 1513. La Confédération conquit alors le Tessin, Berne, le pays de Vaud, et s'allia aux ligues grisonnes et à la République du Haut-Valais. En 1513, l'armée suisse, entrée au service du duc de Milan, fut victorieuse de la France à Novare (Piémont, à l'ouest de Milan); sa défaite à Marignan, deux ans plus tard, si elle mit fin à cette phase historique, ne fut pas catastrophique pour la Suisse : en 1516 une paix perpétuelle, signée à Fribourg, lia le pays à la France jusqu'en 1815; en contrepartie, la France pouvait lever 6 000 mercenaires en Suisse. Au début du XVIe siècle, l'introduction de la Réforme dans les cantons du Nord entraîna plusieurs crises. Zwingli, un prêtre de Glaris (1506-1516), propagea la Réforme à Zurich (1519-1525) puis dans plusieurs autres villes. Les cinq cantons originels, demeurés catholiques, formèrent une ligue. Deux batailles indécises se déroulèrent à Kappel (1529 et 1531): en 1531, après la mort de Zwingli au combat, un compromis s'instaura (paix de Kappel, 23 octobre 1531). En 1536, le Français Calvin s'installa à Genève, après Bâle (1534), mais il dut s'exiler à Strasbourg. À son retour, en 1541, il institua et dirigea avec sévérité un gouvernement théocratique. Le calvinisme gagna d'autres cantons (ainsi que la France). Fribourg et Lucerne devinrent les hauts lieux de la Contre-Réforme. Cependant, les Suisses réussirent à préserver leur unité et leur neutralité au cours des guerres de Religion. En 1648, les traités de Westphalie reconnurent leur indépendance de droit vis-à-vis de l'Empire.

Les temps modernes
Jusqu'à la Révolution française (1789), une bourgeoisie oligarchique développa l'économie du pays, où les classes laborieuses s'appauvrirent. Le pays connut un extraordinaire essor intellectuel mais, formé d'une association d'entités politiques différentes – comprenant, comme aux XVe et XVIe siècles, treize cantons, des alliés et des États dépendants – inégales en droit, était devenu ingouvernable. Envahi par la France en 1798, il fut transformé en une République helvétique et reçut une Constitution unitaire. Mais, en transformant les pays alliés en cantons, l'Acte de médiation (1803), inspiré par Napoléon, jeta les bases d'une nouvelle Constitution. Saint-Gall, les Grisons, Argovie, Thurgovie, le Tessin et Vaud rejoignirent la Confédération, à égalité avec les autres cantons. La diète fédérale se vit confier des pouvoirs accrus, vite contestés par les anciens cantons, qui profitèrent de la chute de l'Empire (1815) pour rédiger un pacte refaisant de la Suisse une Confédération d'États souverains, dans laquelle entrèrent le Valais, Neuchâtel et Genève. La Confédération helvétique comptait désormais 22 cantons. Son indépendance et sa neutralité perpétuelle furent reconnues par les grandes puissances.

Le rétablissement des anciennes institutions et le renforcement de la classe moyenne, dû à l'essor industriel du pays, provoquèrent la montée de mouvements libéraux en lutte violente contre les tenants du conservatisme, réunis dans le Sonderbund (1845); l'armée fédérale, commandée par le général Dufour, vainquit les cantons catholiques conservateurs séparatistes (1847) et la Confédération fut aussitôt rétablie. Mais cette nouvelle guerre avait montré la nécessité d'élaborer une Constitution fédérale unificatrice. Adoptée en 1848, une nouvelle Constitution, à l'instar de celle des États-Unis, établit un compromis entre la centralisation et le fédéralisme; elle transforma la Confédération en une fédération de 22 cantons, qui mettent en commun une partie de leur souveraineté. La défense, les finances, les affaires extérieures, les postes et les chemins de fer sont autant de domaines dont la gestion est rendue commune. Bien que promue au rang de fédération, la Suisse conserve son appellation de Confédération helvétique.