Histoire de la Suisse

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La Suisse depuis 1848
La Constitution de 1848, tout en maintenant les institutions traditionnelles et en garantissant l'indépendance locale, permit le choix d'une capitale, Berne, où furent installées les institutions fédérales. Cette ville bénéficia de sa situation géographique centrale au sein du canton le plus peuplé à l'époque. La Suisse connut un progrès économique considérable après 1850, développant une industrie de haut niveau; le percement des tunnels du Saint-Gothard (1882) et du Simplon (1906 et 1922) en a fait l'un des carrefours de l'Europe. Grâce au référendum populaire (instauré en 1874) et à leur participation à la défense collective, tous les Suisses se sentirent rapidement concernés par les affaires fédérales; selon de nombreux auteurs, l'armée est devenue le principal instrument de l'«helvétisation» du pays. Il fallut pourtant plus d'un siècle pour que la démocratie directe soit partagée par les femmes, auxquelles deux demi-cantons refusent encore aujourd'hui le droit de vote aux échelons fédéral et communal. Le nombre de votations fédérales (référendums), longtemps limité (100 de 1900 à 1950), augmente. Entre 1950 et 1988, 200 référendums fédéraux ont été organisés, avec cependant des taux de participation parfois inférieurs à 30 %; la chute est semblable pour les référendums cantonaux, sauf dans certains cas, par exemple lorsqu'en 1978, dans le canton de Berne, les régions francophones manifestèrent leur désir d'autonomie et formèrent un 23e canton, la « république du Jura ».

L'une des principales conséquences de la diversité du pays est sa neutralité, chaque canton ayant longtemps pu s'allier avec qui bon lui semblait. Depuis 1815, la neutralité est devenue un principe, évitant aux Suisses d'avoir à choisir, par exemple, entre Allemands et Français pendant les deux guerres mondiales. Dans le même temps, la Suisse devenait un pays propice à l'accueil d'organisations internationales. La Société des Nations, puis l'Organisation des Nations unies s'installèrent en partie à Genève, où se trouvent également les sièges de la Croix-Rouge internationale, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Bureau international du travail (BIT).

Cependant, la Confédération ne fait pas partie de l'ONU, la population suisse ayant refusé l'adhésion par référendum (mars 1986). Souhaitant toutefois resserrer ses liens avec ses partenaires européens, elle est devenue membre de l'Association européenne de libre-échange (AELE), mais en 1992, elle a refusé, par référendum, d'adhérer à l'Espace économique européen (EEE), et en juin 1994, d'entrer dans l'Union européenne.

Le 1er janvier 1999, la socialiste Ruth Dreifuss est devenue la première femme à accéder à la présidence de la Confédération helvétique. L'année a également été marquée par la signature à Luxembourg, le 21 juin, de sept accords économiques avec l'Union européenne. Couvrant des secteurs aussi variés que celui des transports aériens, des marchés publics, de l'agriculture, des transports terrestres ou de la libre circulation des personnes, ces accords ont permis d'harmoniser les relations entre les deux partenaires, en attendant une adhésion officielle de la Suisse à l'UEM. Enfin, les élections législatives organisées en octobre ont vu la victoire de l'Union démocratique du centre (UDC), formation de la droite nationaliste et populiste, qui est ainsi devenue le premier parti politique du pays et le deuxième groupe au Conseil national (chambre basse). Emmenée par l'homme d'affaires zurichois Christoph Blocher, opposant farouche à toute intégration européenne et champion des valeurs traditionnelles suisses, l'UDC a en effet obtenu 23, 31 % des suffrages, devant les socialistes (22,64 %), les radicaux (19,6 %) et les démocrates-chrétiens (15,33 %). Au début de l'an 2000, Adolf Ogi a succédé à Ruth Dreifuss à la présidence de la Confédération helvétique. En mai, les citoyens suisses se sont prononcés, à une large majorité (67,2 %), en faveur d'une série d'accords bilatéraux avec l'Europe des Quinze, exprimant ainsi leur désir d'un rapprochement économique avec l'Union européenne. Les résultats de ce scrutin ont ainsi relancé le débat entre les partisans d'une adhésion rapide à l'UE et ceux favorables au maintien du statu quo actuel.

État et institutions
En s'alliant pour sauvegarder leurs droits, les populations d'Uri, de Schwyz et d'Unterwald ont créé la Confédération helvétique. Pourtant, on ne peut parler de politique commune avant 1848, date à laquelle est adoptée une véritable Constitution fédérale.

L'État fédéral suisse se compose de 26 cantons et demi-cantons souverains, dotés chacun d'une Constitution et de lois. Ils délèguent à la Confédération toute une série de compétences: sécurité, diplomatie, monnaie, affaires militaires, douane, postes, télégraphe, téléphone, économie forestière, énergie hydraulique, contrôle du trafic routier et ferroviaire.

La Confédération est, en outre, amenée à prendre des dispositions favorisant le développement économique (politique agricole) et le bien-être de la population (mesures sociales).

L'Assemblée fédérale, divisée en deux Chambres (le Conseil national et le Conseil des États), le Conseil fédéral (gouvernement de sept membres) et le tribunal fédéral exercent les responsabilités ayant trait à la Confédération. Le bicamérisme permet à la fois une délégation populaire – les députés étant élus en fonction de la répartition de la population – et une représentation égalitaire des cantons, même si ceux-ci sont peu peuplés. Les lois et les arrêtés nécessitent l'accord des deux Conseils. Le Conseil fédéral, cabinet collégial, est devenu l'animateur principal de la vie politique suisse.

Le système cantonal repose sur une organisation semblable. Les cantons – terme utilisé depuis la Révolution française – sont des États souverains, d'où leur appellation de «république et canton». Chacun possède un organe législatif (Grand Conseil), élu par le peuple selon diverses modalités, et un Conseil d'État, exécutif, élu également par le peuple. Les cantons ont autorité en matière de justice, d'état civil, d'enseignement, de police, de fiscalité et dans le domaine de la circulation. Les lois sont en général de la compétence des Grands Conseils, sauf dans trois cantons – Appenzell, Glaris, Unterwald – qui pratiquent encore la démocratie directe: l'assemblée populaire, réunie sur la place publique, vote à main levée et exerce le pouvoir législatif.

Bien que les cantons surveillent la gestion des autorités communales, l'autonomie des communes a statut de dogme. La commune est un territoire local, véritable État dans le canton. Son conseil, pouvoir exécutif, est habilité à lever l'impôt affecté au fonctionnement d'un grand nombre de services publics, de l'instruction primaire à la police locale.

Reflet des trois niveaux politiques – gouvernement fédéral, cantons, communes –, l'administration se caractérise par la complexité de son organisation. Ainsi, même si l'on tient compte dans les forces militaires des appartenances linguistiques, l'armée est-elle du ressort fédéral. L'enseignement se partage entre le primaire (à la charge des communes), le secondaire et l'université (à la charge des cantons); les écoles polytechniques fédérales sont placées sous la responsabilité de la Confédération. Quant à la police, elle relève essentiellement des autorités communales et cantonales; elle peut être appuyée par les forces armées.

Culture et civilisation
Du fait de sa variété linguistique et de la diversité de ses héritages culturels, la Suisse se présente un peu comme une mosaïque. Ce sont d'ailleurs les communes et les cantons qui apportent l'essentiel des aides financières allouées à la culture, la Confédération jouant seulement un rôle dans des domaines comme le cinéma et la protection de la nature. Une fondation autonome, Pro Helvetia, créée en 1939, s'est donné pour objectif de contribuer au rayonnement culturel de la Suisse avec l'appui de la Confédération. Tandis qu'un inventaire de toutes les richesses culturelles a été récemment dressé, le musée de l'Habitat rural de Ballenberg, où sont reconstruites des fermes traditionnelles, démontées dans leur canton d'origine, témoigne de la volonté de reconnaître les héritages culturels et de s'y identifier. Des sociétés comme la Ligue suisse de sauvegarde du patrimoine national ou la Société suisse des traditions populaires contribuent à préserver les coutumes. La Suisse constitue un haut lieu d'expression des coutumes populaires où se remarquent les contes des montagnes (Valais, Lötschental), les carnavals (Bâle, Lucerne...), les fêtes d'alpage (combats de reines dans le Valais, fêtes de la «mi-été»...), les fêtes des vendanges (Vaud, Neuchâtel) et les marchés-concours (chevaux dans le Jura).

Langues
Un des principes fondamentaux de la Suisse, précisé par la Constitution, est l'égalité des langues nationales. Si 22 cantons sont unilingues, dans ceux de Berne, de Fribourg et du Valais on parle et le français et l'allemand, dans celui des Grisons à la fois l'allemand, l'italien et le rhéto-roman. De nombreux Suisses sont d'ailleurs bilingues ou trilingues.

Le plurilinguisme constitue un trait majeur qui trouve son origine dans le principe de territorialité linguistique; cela explique le maintien d'une langue alémanique commune (Schwyzerdütsch) et de variantes du romanche. Malgré une baisse relative des populations romande, tessinoise et grisonne par rapport aux alémaniques, on ne peut parler de véritable menace linguistique. La récente révision de l'article constitutionnel fédéral sur les langues en faveur d'une meilleure reconnaissance du quadrilinguisme, approuvée très largement lors de la votation populaire de 1996, va même en direction d'une sauvegarde et d'une promotion des langues minoritaires (italien, romanche). Si les migrations liées à la retraite et au tourisme entraînent un usage plus fréquent de l'allemand dans les Grisons et au Tessin, le statut des langues officielles n'est pas contesté, même si on constate un emploi de plus en plus fréquent de l'anglais dans les affaires et la science. Au Conseil fédéral, exécutif ministériel, deux à trois sièges sur sept sont réservés aux non-alémaniques. C'est donc surtout dans la fonction publique et les entreprises privées que se fait sentir la puissance du groupe de langue allemande.