Histoire de la Suisse

Note utilisateur: 5 / 5

Etoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles actives
 

Population
La population (7,1 millions d'habitants, Suisses), majoritairement concentrée sur le Plateau suisse, se répartit entre les domaines linguistiques allemand (65,1 %), français (18,1 %), italien (9,9 %) et romanche (1,1 %) [1995]. En raison du grand nombre d'étrangers (19 % de la population totale), 8,9 % des résidents utilisent des langues non nationales. Près d'un million d'étrangers (15 % des habitants, 20 % des actifs) vivent en effet en Suisse; en 1987, un référendum a restreint le droit d'asile.

Au moment du congrès de Vienne (1815), qui fixa les frontières du pays, la population, alors estimée à 2,2 millions d'habitants, était composée d'agriculteurs du Plateau, de montagnards et de citadins de villes déjà puissantes, comme Genève, Zurich et Bâle. C'est à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle que la Suisse moderne se constitue, avec ses industries, son tourisme lacustre et alpin, et ses services financiers. De 2,9 millions d'habitants en 1888, le pays passe à 3,7 millions en 1910. Après une période économique difficile pendant l'entre-deux-guerres, la croissance reprend en 1945, mais elle demeure faible, et la population vieillit (19,4 % des Suisses ont plus de 60 ans). Dans le même temps, l'image d'une Suisse agricole se transforme en celle d'un pays industriel. En dépit d'une baisse récente de l'emploi dans le secteur secondaire, celui-ci concerne encore 33,1 % [1994] de la population active. Quant au secteur tertiaire, lié à l'industrie, à la distribution et aux services, il prédomine avec 61,4 % des emplois [1994].

La Confédération helvétique est traditionnellement divisée en une Suisse alémanique, une Suisse romande et une Suisse italienne. Avec 26 cantons et demi-cantons souverains, elle a pu préserver une variété linguistique qui trouve son origine dans la multiplicité des ensembles naturels. Les cantons italophones sont le Tessin et une partie des Grisons (où l'on parle aussi le romanche – reconnu comme quatrième langue nationale en 1938 – et l'allemand). Les cantons romands sont ceux de Genève, de Vaud, de Neuchâtel, du Jura; ceux du Valais, de Fribourg et de Berne ont deux langues officielles. Les autres cantons sont unilingues alémaniques.

Un second découpage, économique, partage le pays en fonction de l'organisation urbaine. La population est urbanisée à 60 %, mais très bien équilibrée sur l'ensemble du territoire non alpin, c'est-à-dire la moitié nord. La Suisse, qui ne possède pas de mégalopoles, a cependant développé un réseau urbain bien hiérarchisé: Zurich (351 100 habitants; 840 310 habitants avec son agglomération) devance nettement les quatre autres grandes villes: Genève (172 700 habitants; agglomération: 384 510 habitants), Lausanne (125 620 habitants; agglomération: 257 640 habitants), Bâle (175 560 habitants), et Berne, la capitale fédérale (129 400 habitants; agglomération: 300 000 habitants).

Économie
La structure de l'économie – notamment caractérisée par un haut degré de spécialisation, la présence de grandes multinationales et la réputation du secteur bancaire – complique la question de l'adhésion du pays à l'Union européenne.

Agriculture
Après avoir rassemblé à la fin du XIXe siècle près de 40 % de la population active, le secteur agricole n'en représente plus que 5,5 % [1994]. Malgré un protectionnisme affirmé dans ce domaine, source de complications pour une éventuelle intégration à l'Union européenne et responsable de coûts de la vie élevés, l'agriculture suisse vit une période difficile. Les exploitations sont petites – 38 % seulement ont moins de 5 ha – et le terrain est cher, ce qui amplifie un exode rural déjà soutenu. Malgré ces handicaps, la Suisse, grand pays d'élevage, se place au deuxième rang pour le rendement laitier en Europe, après les Pays-Bas. Les fromages suisses (gruyère, emmenthal, tilsit) sont réputés. Le vignoble, essentiellement le long de l'arc lémanique, au Tessin et en Valais, est connu pour ses vins blancs (cépages chasselas) et rouges (cépages pinot, gamay et merlot). Quant au Plateau, il donne des betteraves à sucre, du blé, des pommes de terre et tous les produits de base dont le pays aurait besoin en cas de crise. L'arboriculture – qui fournit poires, pommes, abricots, cerises et pruneaux – concerne la plupart des cantons situés à faible altitude.

Ressources minérales et énergétiques
La Suisse est pauvre en ressources minérales, les mines des Alpes ayant été progressivement abandonnées. Elle dispose, en revanche, d'un fort potentiel hydraulique, maîtrisé par de puissants barrages (Dixence, Mauvoisin...). Les centrales hydroélectriques, qui fournissent 62 % de l'électricité, sont complétées par un réseau de centrales nucléaires (Beznau, Mühleberg, Gösgen et Leibstadt). Devant l'ampleur prise, au cours de ces dernières années, par l'opposition au nucléaire, l'Assemblée fédérale a renoncé à l'implantation d'une nouvelle centrale à Kaiseraugst.

En 1990, les Suisses ont décidé d'un moratoire de dix ans avant toute nouvelle implantation d'une centrale nucléaire. Le pays doit donc se tourner vers les importations et participer activement aux recherches sur les énergies renouvelables (solaire, géothermie).

Industrie
La Suisse est l'un des pays les plus industrialisés d'Europe. Bon nombre de ses entreprises ont une envergure mondiale, comme Novartis (né de la fusion de Ciba-Geigy et Sandoz) et Hoffmann-La Roche pour la chimie. La réputation des puissantes sociétés agroalimentaires, Nestlé et Jacobs-Suchard en tête, n'est plus à faire; c'est d'ailleurs de l'importance de ces firmes, souvent contestées (Nestlé), qu'est née l'image d'une Suisse dominatrice, imposant ses modes de consommation. Les grandes entreprises de machines et métaux sont elles aussi prospères (Asea-Brown Boveri, Sulzer). Mais la Suisse brille surtout grâce aux noms de ses firmes horlogères traditionnelles comme Tissot, Longines et Rolex, sans oublier les produits nouveaux comme la Swatch, adaptation réussie face à la concurrence japonaise. Si la Suisse ne compte que pour 0,08 % de la population mondiale, elle exporte 1,4 % des produits manufacturés dans le monde et en importe plus de 1,5 %.

Services
La Suisse est un important prestataire de services. C'est d'abord une place financière, rendue particulièrement attractive par son secret bancaire, qui peut cependant être levé pour les besoins de la procédure pénale. Les assurances et les réassurances jouissent également d'une grande réputation (les Suisses détiennent le record du peuple le mieux assuré du monde!). Une grande partie des activités de services se déroule hors des frontières. Grâce au solde positif de la balance des paiements et à la rigueur du contrôle monétaire, le franc suisse est une monnaie solide. Mais cette réputation monétaire ne va pas sans son lot d'inconvénients, à commencer par la cherté des produits et des services. Le tourisme et le commerce en subissent parfois les contrecoups.